La fabrication d'une guitare commence par le choix du bois, notamment l'épicéa et le cèdre rouge pour la table d'harmonie et le palissandre pour le fond et les éclisses.
Nous sommes toujours à la recherche des meilleurs bois.
Nous allons personnellement voir, toucher, sentir et écouter les planches de bois du monde entier avant de les choisir.
De nombreuses planches et pièces de bois sont soigneusement stockées dans notre atelier qui a maintenant plus de 70 ans.
Nos planches de bois sont séchées pendant une période de 10 à 30 ans. Certaines des planches que nous conservons pour des expériences ou des commandes spéciales ont plus de 50 ans.
Le climat de la région de Kanto au Japon, chaud et très humide en été et froid et sec en hiver, offre une opportunité particulière pour le séchage du bois. Certaines planches de bois, exposées au climat naturel du Japon, sans contrôle de la climatisation, ne résistent pas, se déforment et se fissurent. Nous éliminons ainsi les bois de qualité inférieure et n'utilisons que les bois les plus stables moins susceptibles de se déformer et de se fissurer dans un climat changeant, où que nos guitares soient envoyées. Dans les pays et régions au climat plus stable, ce processus de séchage naturel rend plus difficile la sélection de bonnes planches de bois.
Les parties de la guitare pour lesquelles il est difficile d'éliminer l'eau, comme le renfort en ébène du manche et le matériau de la touche, sont séchées dans un séchoir artificiel.
Suite au séchage, les guitares sont fabriquées dans une pièce où la température et l'humidité sont strictement contrôlées. Le bois est collé avec une colle contenant de l'eau, une période de séchage est nécessaire après chaque opération de collage. Les parties de la guitare pour lesquelles il est difficile d'éliminer l'eau, comme le renfort en ébène du manche, sont séchées dans un séchoir artificiel.
C'est long processus de maturation ; jusqu'à un an entre le début de la production et la guitare finale.
Les trois types de contrôle climatique, le séchage naturel pour sélectionner des bois stables, le séchage artificiel à des endroits clés et la gestion de la stabilité de la température et de l'humidité de l'atelier, ont apporté à nos guitares une reconnaissance mondiale.
Le bois est collé avec une colle contenant de l'eau, une période de séchage est nécessaire après chaque opération de collage. C'est long processus de maturation ; jusqu'à un an entre le début de la production et la guitare finale. La colle est fabriquée à partir d'os, de peaux et de tendons d'animaux bouillis dans l'eau, puis séchés et durcis.
En vieillissant, la colle devient plus souple et n'interfère pas avec les vibrations du bois.
La table d'harmonie qui produit le son est généralement constituée de bois tendre de moins de 3 mm d'épaisseur.
Les six cordes d'une guitare classique exercent une tension totale de plus de 40 kg et, non renforcée, la table d'harmonie se déformerait ou se fissurerait sous la tension des cordes. Un ensemble de nervures en bois appelé barrage est donc placé sous la table d'harmonie pour résister à la tension des cordes. La constitution et l'épaisseur du barrage permet aussi de propager les ondes sonores à travers la table d'harmonie et a une influence importante la qualité sonore de la guitare.
Le barrage est donc fondamental pour la résistance et la qualité sonore de la guitare. De nombreux luthiers ont essayé de résoudre ce problème en renforçant les cordes graves, qui sont plus lourdes et donnent plus d'énergie lorsqu'elles sont jouées avec les doigts, tandis que les cordes aiguës sont plus légères et produisent moins de son que les cordes graves.
Les premiers barrages de guitare au 18e siècle étaient symétriques mais des barrages asymétriques sont apparus au 19e siècle notament avec René François Lacôte (1785–1855) qui ajouta une nervure en bias sous la rosace.
Cette asymétrie permet d'agrandir la partie vibrante de la table du côté des cordes graves et de raccourcir la partie du côté des cordes aiguës. La rigidité augmentée de la table du côté des aigus donne un son plus riche dans les aigus.
Par la suite, Antonio de Torres (1817-1892) a augmenté la taille du corps de la guitare et a opté pour un barrage symétrique en éventail (fan bracing), ce qui a eu une influence majeure sur la conception de la guitare classique.
Le barrage asymétrique réapparaît au début du 20e siècle avec notamment Santos Hernandez (1874-1943) qui utilise une nervure en biais et Enrique Garcia (1868-1922) qui utilise une nervure supplémentaire du côté des cordes aiguës : 4 du côté des cordes aiguës et 3 nervures du côté des cordes graves.
De nombreux luthiers comme Ignacio Fleta (1897-1977), Robert Bouchet (1898-1986) ou Daniel Friederich (1932-2020) ont expérimenté différents barrages symétriques et asymétriques.
José Ramírez III, Manuel Hernández (1895-1975) et Victoriano Aguado (1897-1982), en partant de l'idee que les cordes graves sont plus lourdes que les cordes aiguës et ont donc plus d'action sur la table, ont renforcé leurs barrages non pas du côté des cordes aiguës mais de celui des cordes graves.
Robert Bouchet a créé une asymétrie non pas par l'ajout d'une nervure en biais ou par la différence du nombre de nervures mais par l'épaisseur des nervures avec des nervures moins épaisses en hauteur du côté des graves que du côté des aigus.
Masaru Kohno ouvre son atelier en 1949 et experimente dès le début de nouveaux systèmes de barrages, en biais, symétriques et asymétriques, avec ou sans barrage sous le chevalet. Les premiers barrages étaient cependant symétriques.
Après avoir remporté en 1967 la médaille d'or au concours International Elisabeth de fabrication de guitares en Belgique, Masaru Kohno a intensifié ses expériences à la recherche d'un son unique. Un système de contreventement unique et sophistiqué a été créé en concevant la table d'harmonie du côté des cordes graves pour qu'elle soit plus flexible et du côté des aigus pour qu'elle soit plus rigide. Les nouveaux barrages permettent d'obtenir des sons graves plus denses et plus profonds, ainsi que des aigus plus clairs et plus étendus.
À partir des années 1980, Masaru Kohno conçoit un nouveau type de barrage (barrage à double sens), dans lequel les pièces sont entourées d'un double carré de barrage.
Masaru Kohno a continué à utiliser ce principe jusqu'à sa disparition en 1998 et la gamme SAKURAI-KOHNO actuelle est basée sur le barrage de cette période.
Masaki Sakurai, successeur de Kohno Guitar Factory, après avoir utilisé les barrages de Masaru Kohno, développe ses propres barrages sur la base de son expérience et de son intuition.
En 2002, la rencontre avec le professeur Hiroshi Okamura, spécialisé dans l'ingénierie des vibrations à l'Institut de technologie de Shibaura, provoque un changement majeur. Masaki Sakurai fixe des capteurs sur des tables d'harmonie pour étudier la propagation du son et analyser les mécanismes de vibration.
Il resulte de ses recherches un barrage traversant tout le haut et le bas de la table, au lieu de réduire considérablement le barrage du côté des graves. Le résultat est une tonalité générale plus riche, des graves plus serrées sans perte de volume, et des aigus mieux définis. Tous les modèles MASAKI SAKURAI sont équipés de ce système.
So Kimishima, après avoir étudié les guitares de Masaru Kohno et la théorie des barrages et des vibrations de Masaki Sakurai, cherche à créer une ligne sonore différente.
À partir de ses connaissances sur la propagation des ondes et sur la vibration de la table d'harmonie à chaque fréquence sonore et de l'analyse des composantes spectrales, So Kimishima adopte une approche scientifique de la conception du chevalet et expérimente la forme des pièces du chevalet au mieux de ses capacités.
En découpant et en démontant à plusieurs reprises la table d'harmonie et le barrage tout en jouant avec les cordes, il comprend un à un les influences du barrage, de la forme des pièces et de la tension des cordes sur le son. En expérimentant librement une cinquantaine de prototypes de guitares, il accumule l'expérience nécessaire pour combiner connaissances scientifiques et sensibilité personnelle afin de créer un son unique.
Le barrage actuel de So Kimishima améliore la faiblesse des sons aigus, sans perdre le ton et la résonance naturels de la guitare, en incorporant une forme de barrage en treillis uniquement sur la périphérie du côté des aigus. En comparaison des barrages de Masaru Kohno et de Masaki Sakurai, les connotations sont plus discrètes. Ce barrage se positionne comme un type moderne et est principalement utilisé pour les tables en cèdre rouge.
En développant sa compréhension de la composition du bois, So Kimishima apprend comment les propriétés physiques du bois changent avec le temps et comprend la perfection du barrage en éventail. Suite à ses discussions avec des guitaristes et des professionnels de la guitare, So Kimishima développe également un barrage classique pour les tables en épicéa, plus simple et aux harmoniques réduites. L'épicéa est un bois plus dense que le cèdre rouge, avec un son légèrement plus dur au début, mais en vieillissant et sous l'influence du guitariste, le son s'arrondit.
Pour le moment, les deux types de barrage, bien qu'ils aient des tonalités différentes, sont bien accueillis par les guitaristes et nous recevons des commandes à parts égales pour les deux types.
Le vernis ne protège pas seulement la guitare des changements environnementaux tels que l'humidité, il est également un élément fondamental de la qualité du son. Une guitare non vernis produit un son rugueux inadapté en termes d'expression musicale mais inversement, un vernis trop épais diminuera la qualité sonore naturelle du bois.
Notre méthode de vernis consiste à créer un film très fin de polyuréthane sur les veines du bois puis à pulvériser à l'aide d'un pistolet une seule fine couche de vernis noix de cajou. Trois fines couches de polyuréthane sont appliquées sur le bois puis retirées à l'aide d'un grattoir et de papier, pour ne rester qu'a l'interieur des veines. La dernière étape, très technique, consiste à essuyer la noix de cajou en une seule fois et à la recouvrir d'une fine pellicule de vernis, qui est ensuite soigneusement polie avec du papier pour achever le processus.
L'une des différences importantes entre une guitare milieu de gamme et une guitare haut de gamme est le temps consacré au vernis et à sa finesse.
Noix de cajou
Le vernis de noix de cajou est fabriqué à partir d'extraits de la coque extérieure des noix de cajou (nommée aussi anacarde, fruit de l'anacardier). De composition similaire à la laque, il est également connu sous le nom de laque artificielle car il présente un éclat transparent et une brillance semblables à ceux de la laque.
La laque est sensible à l'humidité, alors que la noix de cajou est extrêmement résistante. Ce vernis possède également des propriétés anti-climatiques et dénaturantes très élevées. Il est le plus doux de tous les vernis de finition. Le vernis, même pulvérisé, n'interfère pas avec les vibrations sonores et ajoute de la brillance à la tonalité. Il a également une viscosité très élevée, ce qui évite le risque de fissures si le bois change au fil du temps.
Kohno Guitar Manufacturing a commencé à utiliser la noix de cajou en 1960 et continue à l'utiliser dans toutes ses gammes de guitares car elle convient aux caractéristiques et au son de nos guitares.
Shellac
La guitare classique est née de l'artisanat traditionnel espagnol et de nombreux luthiers estiment que le vernis traditionnel espagnol à la gomme-laque (shellac) est le vernis le plus adapté aux guitares classiques. La gomme-laque est une laque fabriquée à partir de la sécrétion d'une cochenille asiatique qui, une fois dissoute dans un mélange d'alcool, peut être utilisée comme vernis. Il semble que ce soit le premier vernis utilisé par l'homme.
Ce vernis, inoffensif pour le corps humain mais très sensible à l'humidité et à la sueur humaine, nécessite un certain soin.
La méthode du vernis au tampon (french polishing) à base de shellac permet d'appliquer de très fines couches de vernis et offre un résultat visuel et sonore unique.
On nous demande parfois un vernis tampon à base de shellac est possible sur les modèles de guitares Masaki Sakurai et Sakurai Kohno. Cela n'est cependant pas possible pour en raison de la conception des barrages solides. Un vernis à base de shellac nuirait au son de la guitare et une finition douce telle que le vernis noix de cajou est plus appropriée.
L'influence du vernis sur le son d'une guitare est très importante et le choix du vernis est adapté à la production sonore de chaque fabricant.
Les finitions à base de shellac, de laque ou de vernis noix de cajou sont toutefois possibles pour les modèles LUNA et SOL de So Kimishima car les barrages sont conçus différemment.
Le type de vernis n'a pas d'influence sur le prix de nos guitares.
So Kimishima, après avoir étudié la structure et les caractéristiques des guitares, intègre de nouvelles idées.
L'objectif est de créer une nouvelle génération de guitares en intégrant des innovations uniques qui augmentent notamment la durée de vie des guitares qui accompagneront les musiciens tout au long de leur vie.
* Les innovations suivantes ne sont actuellement incorporées que sur certains modèles de la gamme Kimishima.
Découvrez le modèle SOL...
La rosace est un ornement autour de l'ouverture circulaire de la table d'harmonie d'une guitare.
Comme la tête d'une guitare, la rosace est une pièce que chaque luthier personnalise, comme une signature.
Il existe de très bons fabricants de rosettes, mais dans le modèle SOL, So Kimijima fabrique ses rosettes entièrement à la main pour obtenir des combinaisons complexes et uniques.
Nous utilisons les extrémités du bois sans ajout de colorant ; chaque espèce de bois est utilisée pour sa couleur naturelle.
Nous combinons librement 36 espèces d'arbres du monde entier et créons des motifs de roses uniques.
En fonction de vos préférences et de vos choix, nous pouvons personnaliser votre rosette avec un motif sobre ou lumineux ou avec votre espèce d'arbre préférée.
De gauche à droite : houx américain, frêne blanc, érable, eucalyptus, châtaignier, mempisang, Bois satiné, hêtre, oliver, chêne blanc, merisier, cèdre, cerisier noir, opancor, koa hawaïen, bois noir d'Haïti, palo santo, noyer noir, ziricote, acajou du Honduras, teck, bubinga, acajou cubain, bois de serpent, paddock, satine, séquoia, cocobolo, jacarandá, granadillo, palissandre brésilien, palissandre indien, palissandre de Madagascar, katalox, ébène de Kalimantan et ébène africain.
Dans la fabrication traditionnelle des guitares classiques, la table d'harmonie est collée aux éclisses à l'aide de petites pièces de bois triangulaires qui suivent la courbe des éclisses : les contre-éclisses fendues. Cette méthode permet à la table d'harmonie de vibrer avec souplesse et de produire un son riche et profond.
Le collage classique des contre-éclisses fendues n'est pas parfaitement adapté aux courbes des éclisses et, en fonction de l'évolution de la colle, de l'humidité et de la température, des problèmes de décollage peuvent survenir.
Les modèles LUNA et SOL de So Kimijima evitent le decollage en encastrant les contre-éclisses dans la partie intérieure des eclisses à double couche. Cela permet aux contre-éclisses de résister aux vibrations de la table d'harmonie dans le sens vertical ainsi qu'au vieillissement à long terme. (d'autres modèles de Kono Guitar Manufacturing utilisent un système de contre-éclisses continues qui garantit une force adhésive suffisante).
Cette nouvelle conception des contre-éclisses réduit la perte d'énergie et produit un son riche et profond. Par ailleurs, les éclisses à double couche ont un effet synergique sur la transmission du son vers l'avant et vers l'arrière et permettent d'obtenir des performances sonores suffisantes pour les grands espaces, comme les salles de concert.
Si une guitare est utilisée pendant une longue période, les trous de cordes dans le sillet s'élargissent et l'angle des cordes sur le sillet se modifie ; le son peut ne plus être produit comme prévu ou il peut y avoir du bruit dans le son.
Les modèles de So Kimishima LUNA et SOL ont une plaque d'os incrustée dans le sillet pour assurer la solidité et réduire l'écartement des trous de cordes.
Il n'est pas habituel d'installer une barre de renforcement dans le manche d'une guitare classique ; cela a un effet significatif sur la tonalité de la guitare et modifie le son typique des guitares classiques. Cependant, chaque pièce de bois est unique et l'environnement dans lequel la guitare est conservee varie d'un utilisateur à l'autre, ce qui peut entraîner une déformation du manche.
Il existe plusieurs façons de créer une courbe correcte dans le manche. La méthode du fer chaud, où le manche est chauffé pour donner au bois l'habitude de la courbe correcte, fonctionne bien pour corriger les petites courbes, mais peut ne pas être capable de faire face à de grandes déformations. Dans les modèles LUNA et SOL de So Kimijima, un stratifié est réalisé en faisant tremper de la colle sur une planche de bois de shina de faible densité et en la prenant en sandwich entre deux morceaux de bois d'ébène, qui sont ensuite encastrés dans le manche. Ce stratifié utilise la tendance de la colle "Nikawa" à fondre lorsqu'elle est chauffée et à durcir lorsqu'elle refroidit, ce qui permet de travailler plus facilement la courbe du manche avec la méthode du fer chaud.
*Il est difficile de contrôler l'état du manche à 100% par la chaleur seule, bien que l'effet ait été confirmé. Dans certains cas, il peut s'avérer nécessaire de prendre des mesures telles que le re-frettage ou le rasage de la touche.
Lorsque des essais de flexion ont été effectués dans des conditions similaires sur des panneaux en ébène droits et stratifiés, les panneaux stratifiés ont conservé une flexion deux à trois fois supérieure.
